ABA les troubles alimentaires
Véritables fléaux, l’anorexie et la boulimie se combattent aussi dans des groupes de parole anonymes. A Grenoble, les réunions ont lieu tous les mardis. Et une convention régionale est organisée ce week-end.
On connaît les AA (Alcooliques Anonymes), mais pas vraiment les ABA. A pour anorexiques, B pour boulimiques, A pour anonymes. Cette association existe pourtant depuis douze ans en France et depuis 2008 à Grenoble où des réunions sont organisées tous les mardi soirs. Des groupes de parole plus exactement où les participants peuvent « se libérer » sans avoir peur du jugement des autres puisque les autres justement, ils vivent le même enfer et savent bien ce que c’est, quand la nourriture devient tellement obsessionnelle que la folie semble vous engloutir…
A 28 ans, Cécile est désormais sortie de là. Il aura fallu cependant plusieurs années à cette Grenobloise pour « poser sa sobriété alimentaire » comme elle-dit, c’est-à-dire pour pouvoir « manger à nouveau sans faire de crise ». « Pendant dix ans, j’ai alterné anorexie et boulimie, raconte-t-elle. Comme beaucoup d’autres, ça ne se voyait pas. Je n’ai jamais pu en parler à quelqu’un, sans doute un peu par honte et parce que je n’avais pas forcément conscience que j’avais un problème, jusqu’à ce que je participe aux réunions des ABA. Ça a été un premier pas pour reconnaître déjà que j’étais malade, et puis les autres m’ont aidée à mettre en place des actions de rétablissement. » Pour que la nourriture ne tourne plus au cauchemar. « Une forme de thérapie, dit-elle encore, même si Cécile confie être également suivie par un professionnel de santé. Ces groupes bien sûr ne font pas tout mais aident beaucoup. Pouvoir, avec le recul, rire de certaines situations, c’est quand même un grand pas en avant. »
C’est cette expérience que Cécile et d’autres – des femmes, mais aussi des hommes, qui ne sont pas épargnés – espèrent pouvoir partager ce week-end à Grenoble à l’occasion de la convention Rhône-Alpes des ABA qui se tient cette année à Grenoble et est ouverte à tous. « Il est important qu’on se fasse connaître car beaucoup de personnes ignorent encore que cette association existe. » Or, comme le souligne le Dr Jérôme Carraz, psychiatre à Grenoble et spécialiste des troubles du comportement alimentaire, « si elle ne substitue pas du tout aux soins que des personnes souffrant de cette maladie peuvent recevoir, elle a toute sa place dans une prise en charge globale, qu’il s’agisse d’anorexie, de boulimie ou même d’obésité. »
Un gros manque de moyens
Pour le Dr Carraz, les groupes de parole tels que ceux mis en place par les ABA « ont d’autant plus leur place à Grenoble que nous souffrons ici d’un gros manque de moyens » pour lutter contre les troubles du comportement alimentaire, « notamment chez l’adulte ». Au regard du nombre de personnes qui sont touchées, les structures d’hospitalisation sont, selon le psychiatre, « insuffisantes ou pas adaptées. Que les personnes soient déjà dans un circuit de soins ou au contraire qu’elles ne soient pas encore suivies, ces partages d’expériences permettent de ne pas se retrouver isolé dans son trouble. »
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